Tu n'osais surement plus l'esperer... [Strify]

Kali n'avait pas conscience avoir mis tant de temps a sortir du studio, devaler les quelques etages et rejoindre l'androgyne. Bon c'est vrai qu'elle ne s'etait pas non plus specialement depechee mais si elle avait su que c'etait lui que la demandait en bas elle serait venue plus vite.

Mais maintenant elle etait la. Elle passa legerement sa main dans ses cheveux et les attacha sommairement, coupant la chaleur qui semblant tout aussi etouffante dehors qu'a l'interieur alors qu'il n'etait meme pas encore 10h du matin.

Strify fit une remarque sur son emploi du temps et la jeune femme ne retint pas un leger sourire, bien plus nerveux que reellement amuse.

"C'est l'inconvenient d'avoir un patron qui sait pas ce qu'il veut. T'inquiete pas pour ca, ils peuvent se debrouiller sans moi encore un moment"

'Ils', peut etre pas. Mais Maria oui. La blonde lui faisait confiance la dessus : sa soeur ne lui aurait pas accorde une pause si elle ne pouvait pas assurer une charge supplementaire de travail en l'attendant.

Et comme chaque fois elles assureraient ensemble. En stylisme comme dans leur vie privee elles pouvaient se vanter de toujours etre une equipe gagnante. Et leur complicite aidait vraiment dans ce sens, ce qui faisait leur fierte et les rapprochait un peu plus chaque jour.

Kali ecouta l'androgyne et petit a petit son coeur se dechirait. Alors il n'etait venu que pour lui dire au revoir? Comme ca? Non. Elle ne pouvait pas le laisser partir de cette facon. Ca n'avait totalement aucun sens. C'etait trop injuste. C'etait impossible.

Les larmes aux yeux la blonde accusa le choc, restant plusieurs secondes sans reagir. Il ne pouvait pas avoir fait un detour de 700km juste pour rester une seconde? Juste lui dire au revoir en esperant qu'elle vienne en Allemagne un jour?

Quand enfin la jeune femme reussit a reprendre ses esprits elle se rendit compte que l'androgyne etait pret a monter dans le bus. Pret a partir... Loin. Tres loin d'elle. D'eux.

Sans meme reflechir elle courut les pas les separant, ne s'arretant qu'une fois le bras de Strify pris dans l'etreinte de sa main. Elle le fit se tourner face a elle et sans se poser de questions elle posa ses levres sur celles du chanteur. Elle ne voulait pas penser aux consequences possibles. Elle ne voulait pas penser qu'il etait pret a partir, peut etre en les laissant se perdre pour de bon. Elle ne voulait que ressentir encore leurs levres scellees se chercher, se trouver, se caresser, se separer pour mieux se retrouver.

C'etait tout ce qui comptait a cette seconde. Eux.

Amoureuse. Kali etait folle amoureuse de l'androgyne. A un point que personne ne pouvait meme imaginer, et cet amour n'avait d'egal que celui qu'elle portait a Lucas.

Alors non sur le moment elle n'avait pas voulu reflechir. Elle savait que Strify etait en couple. Elle savait qu'il allait repartir. Qu'elle allait probablement trop vite. Mais l'espace de quelques secondes elle avait oublie tout ca, ne faisant compter que l'amour que tout son etre ressentait pour le chanteur. L'espace de quelques secondes, c'etait tout ce qui comptait.

Et quel ne fut pas son bonheur de sentir le blond reagir, repondant et approfondissant l'echange. Elle avait alors pose ses mains sur les hanches de celui-ci, les caressant alors que leurs levres se trouvaient encore. Mais...

"Je suis désolé Kali ... je n'en ai pas le droit ..."

Mais les choses n'allaient pas comme elle avait ose l'esperer. N'etait-ce qu'une histoire de fidelite? Etait-il tombe amoureux de cette personne pour la repousser, elle? Ou est-ce que c'etait elle, qu'il n'aimait plus?

Toujours est il que ce rejet fut un coup fatal pour la jeune femme. C'etait ses espoirs qu'il avait envoye voler. C'etait son amour qu'il avait souille. C'etait eux qu'il avait repousse, ne les faisant plus appartenir qu'au passe.

Et c'etait trop. Bien plus que ce qu'elle pouvait supporter. Bien plus que son coeur ne pouvait supporter.

"Je suis desolee..." lacha-t-elle dans un murmure avant de se degager.

Se degager... Et partir. Rentrer. Courir, rentrer chez elle et serrer son fils dans ses bras. Le serrer contre elle et esperer de tout son coeur que ce petit bout d'homme la maintiendrait en vie maintenant que son coeur volait litteralement en eclats.

Mais quelque part il avait raison de l'avoir repousse. Apres tout elle avait deja gache quatre ans de sa vie. Elle n'avait pas le droit de lui faire encore mal en mettant son couple en danger. Quitte a s'oublier elle-meme.

Bien sur que Kali avait fui. Comment aurait-elle pu faire autrement alors que tout en elle volait en eclats? C'etait son etre qui se brisait, doucement mais surement. Alors non elle n'avait pas pu faire autrement que fuir et se refugier pres de son fils.

La porte de son appartement claqua avec force mais Kali n'y preta aucune attention, pas plus qu'aux larmes ravageant son visage.

"Lil? Qu'est ce qui se passe..."

La blonde ignora la question de Julia et essuya ses larmes en montant dans la chambre de son fils, un sourire tendre bien que triste apparaissant doucement sur son visage alors qu'elle le trouvait en train de jouer sagement dans sa chambre.

"Maman"

Le visage de Lucas s'illumina d'un sourire, vite gache par une moue interrogatrice.

"Maman pourquoi tu pleures... J'aime pas quand tu pleures"

Kali ne repondit pas, ratant un sourire et prit son bebe dans ses bras. Lui aussi la serrait fort. Ils se reconfortaient l'un l'autre. La blonde ferma les yeux, laissant pour la premiere fois les roles s'echanger et son fils la reconforter. Et il y arrivait. Il lui faisait du bien. Enormement.

"Arrete de pleurer, maman... Sois pas triste. T'es jolie quand tu souris"

"J'ai mal cheri... J'ai tres tres mal au coeur. Mais toi tu es mon soleil. Ya que toi qui peut me guerir mon bebe. Ya que toi qui m'aime assez fort maintenant pour ca"

Ils resterent ainsi un moment avant que la porte de la chambre se rouvre. Et ce fut comme si leur bulle eclatait. Kali se rappelait qu'il y avait une realite autour d'eux, une realite douloureuse.

"Kali... Il est la"

Trois mots. Trois mots et le coeur de l'espagnole se serra, l'envie de vomir lui venant alors qu'elle relachait doucement Lucas. Alors il lui brisait le coeur et il avait venait ensuite jusque chez elle? Pourquoi faire... De quel droit...

"Je... D'accord, je... Fais le entrer... Donne moi juste une seconde"

"Maman ya quoi..."

La jeune femme sourit un peu a ce petit visage d'ange et deposa tendrement un baiser sur son front. Ce petit bout d'elle. D'eux. Cette etincelle de leur amour... Et il etait incroyable de voir a quel point ses yeux etaient semblables a ceux de son pere. Totalement identiques au point que leurs regards pourraient se confondre, meme pour elle.

"C'est tres complique mon coeur. Meme pour moi... C'est tres dur a expliquer pour l'instant, et..."

"Mais tu vas re sourire pour de vrai un jour?"

Kali se sentit honteuse. Quelle mere etait elle pour ne pas savoir cacher a son fils a quel point elle etait faible... Elle releva les yeux vers son tresor, son petit ange et caressa doucement sa joue.

"Ca... Ca depend pas que de moi" avoua-t-elle timidement. "Tu me fais un beau dessin mon cheri? J'en ai pas pour longtemps et apres je viens jouer avec toi"

"D'accord"

A croire que meme Lucas avait compris que la situation etait grave. Mais Kali etait rassuree de le voir aussi tranquille, pour une fois. Elle sourit, attendrie devant sa bouille concentree alors qu'il dessinait deja un arc-en-ciel sur sa feuille blanche.

Ne lui restait qu'a trouver le courage de sortir de la chambre de son fils et affronter Strify. Ce qui n'etait pas sans lui demander des efforts... Encore.

Mais elle reussit. Son visage retrouva une force feinte et elle sortit dans le couloir, redescendant les escaliers et retournant dans le salon d'une demarche qu'elle essayait legere et assuree. Cela suffit a faire sourire Julia qui pensa reellement la voir aller mieux... Mais elle doutait que l'androgyne se laisserait avoir.

"Lolita tu peux nous laisser seuls s'il te plait" souffla-t-elle calmement alors que deja la vue de son ex petit-ami suffisait a ce que son coeur s'emballe.

Elle ne pouvait pas. Deux secondes a peine et deja elle savait qu'elle ne tiendrait pas. Il allait la rendre folle.

Folle de chagrin. De desespoir. Folle d'un amour beaucoup trop lourd pour son coeur trop fragile.

Lorsque Kali etait sortie de la chambre de son fils, elle s'etait promise interieurement de ne donner que l'image d'une femme forte. Elle ne voulait pas que l'on devine les larmes qui avaient brule son visage ou que l'on voit a quel point ce qui s'etait passe lui avait fait mal. Elle refusait que les autres voient comme elle etait faible.

La verite c'est que ces 4 dernieres annees l'avaient rendue fragile. Perdre l'homme de sa vie, vivre captive, perdre son double et devoir reconstruire sa vie a zero tout en s'efforcant de maintenir un equilibre dans la vie et l'univers de son fils... Tout ca l'avait ebranlee.

Et au final elle se rendait compte que tromper les apparences ne trompait pas son coeur. Elle restait cette fille qui supportait mal d'avoir trop perdu. Jouer la forte ne la rendait malheureusement pas forte.

Et ca elle avait bien compris que Strify l'avait vu. Elle ne pouvait donc pas faire autrement que laisser son coeur se devoiler des qu'il etait en face d'elle? A croire que non...

Julia les laissa seuls a contrecoeur, se disant qu'apres tout Kali savait ce qu'elle faisait. Du moins elle l'esperait. Et la blonde la remercia d'un sourire fiere de voir que la jeune fille la respecte encore assez pour ne pas imposer sa presence.

Mais maintenant le plus dur commencait. Il fallait a la fois reussir a faire face a l'androgyne et s'efforcer de ne pas craquer devant lui, sans perdre de vue qu'elle avait encore une verite a devoiler.

"Je suis désolé pour tout à l'heure ..."

Une phrase. Une simple phrase et Kali s'embrouillait. Il regrettait vraiment ce qui s'etait passe alors...

Mais Strify ne s'arreta pas la et developpa ce qu'il voulait dire. Et au fur et a mesure son coeur semblait s'affoler un peu plus. Non en fait, il s'affolait vraiment. Decidemment il n'y avait que lui pour faire battre son coeur de cette facon. Il n'y avait que lui qui trouvait les mots pour ca.

Kali sourit en sentant la main de son ex petit-ami sur sa joue et posa la sienne dessus, les entrelacant tendrement. Et bien avant qu'elle ne s'en rende compte les larmes envahissaient son visage.
Mais contrairement a celles qui avaient coule depuis la veille celles-ci ne temoignaient que le bonheur que les paroles du chanteur lui apportaient.

"Tu sais à quel point je suis quelqu'un d'intègre et ... je te
l'ais dis je suis en couple... mais je peux pas aller contre ces
sentiments que j'ai pour toi ... mais je ne peux pas t'embrasser, ou
sortir avec toi avant d'avoir rompu avec mon copain, je ne trouve pas
ça bien ... alors s'il te plais mon amour, attends moi encore un jour
ou deux, juste le temps que je retourne en Allemagne et que je mette
les choses au clair avec lui... enfin, si tu veux toujours de moi ..."

"Comment pourrais je ne pas vouloir de toi dans ma vie" murmura-t-elle tendrement, une emotion non contenue faisant trembler sa voix.

Elle colla son front a celui de l'androgyne, soufflant un grand coup pour essayer de se calmer. Pleurer n'allait rien avancer quand bien meme ce n'etait que trop de bien etre d'un coup qui avait demande a s'exprimer.

"Je t'attendrai" promit la blonde caressant de sa main libre ce visage qu'elle avait tant de fois avoir eu peur d'oublier. "Le temps qu'il faudra"

Apres tout elle avait su attendre quatre ans sans aucune certitude, alors quelques jours de plus...

"Mais" Kali se mordit la levre et se lanca, inspirant un grand coup. "Il y a... Quelque chose que tu dois savoir. Quand je..."

"Maman, maman regarde" la coupa Lucas en deboulant dans un eclair de rires. Bien que l'espagnol donne toujours l'impression d'une voix legere et chantante, Kali pouvait sentir la fierte dans la voix de son fils alors qu'il sautait dans ses bras. "T'as vu il est tout beau mon arc en ciel"

Aie...

Kali etait confiante. Elle savait qu'ils auraient tout le temps de parler de ce qu'ils avaient manque de l'autre en quatre ans. Mais quel droit avait-elle de cacher encore a Strify, meme pour quelques jours, qu'il avait un fils?

Elle se doutait que ca ne serait pas forcement simple pour lui a assimiler... Mais elle devait lui dire. Elle avait toujours ete honnete avec l'androgyne et elle le serait encore cette fois. Meme si il etait vrai que pas mal de gens verraient le fait qu'elle ait garde cet enfant sans le lui dire comme une trahison...

Kali secoua la tete, sortant de la sorte de torpeur dans laquelle l'arrivee de Lucas l'avait plongee. Choquee. Nerveuse. Effrayee. Et son ex petit ami ne devait pas se sentir mieux. Imaginez vous voir un gamin avec vos yeux, votre sourire debarquer dans la piece comme si de rien n'etait alors que vous n'etiez pas au courant de son existence...

"Lo dije a ti permanezca en tu habitación (tr : Je t'avais dit de rester dans ta chambre)" soupira la blonde en reposant son fils au sol. Elle se mit a genoux devant lui, souriant doucement et caressa sa joue. "Vuelve a tu habitación mi corazón. Voy a buscarte en un momento (Retourne dans ta chambre mon coeur. Je viens te chercher dans un moment)"


Lucas bien sur ne se laissa pas faire et lui lanca un regard profond, interrogateur. Regard qui fit inconsciemment sourire la jeune femme qui l'avait tant de fois vu dans les yeux si purs de Strify.

"Pero..." (Mais...)

"Tengo a decir cosas y voy a buscarte después de es" (On a des choses a dire et je viens te chercher ensuite)

L'enfant, boudeur, finit par remonter dans sa chambre. Kali soupira en le regardant monter et pensa... que le plus dur etait maintenant a faire.

Elle se releva et un simple coup d'oeil a l'androgyne suffit a voir que ca n'allait pas. Les couleurs semblaient avoir disparu de son visage et elle avait l'impression qu'il allait tomber. Reflexe fut donc de l'attraper et le pousser en douceur jusqu'au canape, le faisant s'asseoir.

Maintenant elle n'avait plus tellement d'autre choix que de tout deballer, si? Certes c'etait ce qu'elle comptait faire avant que Lucas ne descende mais elle y aurait ete plus en douceur. La, le coup avait ete un peu... dur.

"Lucas..." Kali s'accroupit devant le chanteur, soupirant legerement. "Lucas a ete une sacree surprise en fait. J'ai appris assez tard que j'etais enceinte. Mais j'avais beau etre dans un contexte... Bizarre... Je pouvais pas me faire a l'idee d'avorter, ou de l'abandonner. J'en avais pas le courage"

Elle se mordit la levre et... se demanda comment continuer. Mais bon autant y aller cash que de mettre 50 ans. Ca ne changerait que la dose de stress que l'un comme l'autre allait accumuler.

"Ton fils... Notre fils"

Tout allait tres vite c'est vrai. En fait tout allait meme trop vite. Ils se retrouvaient enfin, ils se donnaient une autre chance... C'etait genial. Plus qu'inespere en realite. Retrouver la personne avec qui l'on veut partager sa vie est toujours quelque chose d'intense.

Mais Kali n'avait pas eu d'autre choix que de briser ce moment. Elle ne pouvait pas lui cacher la verite. Elle ne le voulait pas. Ce ne serait correct ni envers Strify, ni envers Lucas.

"Non, c'est ... impossible ..."

"On s'est toujours protégé ... d'une manière ou d'une autre ..."

"Je sais..." soupira la blonde.

Dans un sens elle comprenait sa reaction. Bien sur qu'il fallait qu'il encaisse le coup, qu'elle rentre dans les details pour lui faire comprendre que c'etait bel et bien possible... Probablement un accident qui leur avait echappe. Mais le resultat etait la.

"Lucas est ne le 18 septembre 2006..."

Donc concu en decembre 2005. Facile a voir, ils etaient ensemble a cette periode. C'etait... leur dernier mois. Kali se souvient a quel point son coeur s'etait serre lorsqu'elle avait realise ca. C'etait comme si le destin lui offrait une etincelle de leur amour avant de les separer.

"Je peux meme simplifier encore plus les choses, tu es le seul avec qui j'ai eu des relations sexuelles - protegees ou non. Je n'ai jamais laisse qui que ce soit me toucher a part toi"

Le sexe pour le sexe... non, vraiment c'etait pas son truc. Ce genre de relations pour Kali c'etait s'offrir totalement a l'autre. C'etait une autre forme d'amour, un moment de tendresse et de complicite... Quelque chose d'unique et de trop precieux pour le partager avec n'importe qui. Et jamais personne a part l'androgyne n'avait ete assez important pour qu'elle s'accorde a avoir une vie sexuelle.

Jamais personne n'avait eu l'importance qu'avait - et a encore - Strify a ses yeux. C'etait lui depuis le debut. Et il n'y aurait jamais que lui.

C'etait vrai que les choses commencaient a s'accumuler. Ce soir ils pourraient tous les deux dire avoir eu une journee lourde en emotions, c'etait meme certain. Mais d'un autre cote c'etait necessaire. Ils ne pouvaient pas reprendre leur relation sur des bases saines en se cachant des choses aussi importantes, si?

Strify baissa les yeux quand elle lui avoua n'avoir jamais eu de relations avec quelqu'un d'autre que lui et immediatement son coeur se serra. A comprendre, que lui avait eu d'autres relations..

Bien sur elle ne lui en voulait pas. Ces quatre ans avaient ete un semblant d'eternite, quatre ans c'est enorme dans une vie... C'etait meme normal dans un sens qu'il ait connu d'autres personnes.
Mais leur amour etait encore la, ancre en eux, et c'etait l'important. Certes il ne pouvait pas etre intact et les choses ne seraient jamais aussi simples qu'elles avaient pu l'etre. Mais devant la force de leurs sentiments il etait impossible de penser que cela suffirait a les atteindre.

"Et à Lucas, tu lui as dis quoi ?"

"La verite" avoua Kali dans un sourire timide et maladroit. "Que mes parents nous avaient force a ne plus etre ensemble avant meme que je sache que j'etais enceinte, mais qu'une fois qu'on aurait retrouve nos marques et une vie normale je ferais tout pour te retrouver et reparer le mal qu'ils nous avaient fait"

Apres tout a quoi beau lui mentir ? Les parents mentaient souvent pour "proteger" leurs enfants. Mais ceux ci finissaient toujours par s'en rendre compte, et ne gardaient aucune reconnaissance. Ils n'avaient qu'une rancune amere. Et la blonde se refusait a avoir ce genre de relation avec son fils.

"Il est intelligent et..." La jeune femme rit un peu a l'aveu. "Et les Walt Disney aident beaucoup a faire comprendre que dans la vie il y a des personnes bien mais aussi des personnes qui font beaucoup de mal aux autres"

Vision assez simple, enfantine mais reelle des choses. Le cote dramatique en moins. De quoi facilement faire comprendre a Lucas le pourquoi du comment sans le traumatiser.

"C'est vrai qu'il y a des parties que je ne lui ai pas racontees"

Comme son sejour force en France ou sa fausse mort...

"Mais je lui ai promis que quand il serait en age de comprendre je lui raconterai tout. Je prefere qu'il comprenne plutot que me taire et le laisser croire que tu l'as abandonne, ou que je vous ai arrache l'un a l'autre"

"On a deja trop souffert pour en plus se faire du mal par nous meme..."

Il etait vrai qu'une fois liberee de son passe Kali aurait pu refaire sa vie, essayer de trouver quelqu'un... Elle avait refait sa vie dans un certain sens : elle avait une nouvelle identite, un travail, et avait reussi a retablir un semblant de famille et de vie normale autour de son fils.

Mais d'un point de vue sentimental... Elle s'etait braquee. Elle
avait beaucoup trop aime Strify pour accepter que quelqu'un vienne dans sa vie. Quelque part, elle avait peur. Peur qu'a construire des souvenirs - peut etre meme des sentiments - avec une autre personne ce qu'elle ressentait comme le plus bel amour de sa vie ne reste qu'un souvenir enfoui en elle ou meme s'efface. Elle ne l'aurait jamais accepte.

Il etait vrai que la jeune femme avait toujours essaye de tout gerer au mieux pour le bien etre de son fils. Elle avait bien souvent ete maladroite avec Lucas mais elle avait reussi a instaurer une relation basee sur la confiance, l'amour et le respect. Et ca simplifiait beaucoup de choses.
"Tu crois qu'il va réagir comment quand il va apprendre que je reviens dans vos vies ?"

"Il attend que ca" avoua Kali en caressant les mains de l'androgyne qui serraient les siennes. "Il te reve, il t'imagine, chaque soir il me demande de lui parler de toi... Il va etre aux anges"

Et au moins les nuits a l'entendre pleurer s'arreteraient enfin... Ils n'auraient plus cette sensation de vide ni l'un ni l'autre, ils n'auraient plus l'impression de devoir se contenter d'etre tous les deux, Lucas n'aurait plus a subir les moqueries des enfants de son entourage... Ca ne pourrait qu'aller bien.

Kali ne tint pas plus longtemps : la distance pourtant minime entre elle et son ange la rendait folle. Elle en brisa une partie en venant s'asseoir a cote de lui sur le canape, lacha une de ses mains venant tendrement caresser la joue de Strify.

"Tu m'as tellement manque..."

Si elle revait... Alors surtout qu'on la laisse rever.

C'aurait ete mentir que dire que Kali se sentait mal a l'aise, ou mal dans les bras de l'androgyne. Au contraire elle se sentait presque planer. Cette etreinte... C'etait fort. Rien qu'en etant dans les bras l'un de l'autre elle pouvait ressentir tellement de choses entre eux. Et ca lui faisait un putain de bien.

"Bon, je crois que j'ai un fils que je dois rencontrer ..."

"Oui" lacha la blonde dans un leger sourire.

Elle sourit et l'embrassa sur la joue, respectant le fait qu'il ne veuille pour l'instant aucun contact pousse. C'etait meme honorable qu'il veuille attendre d'avoir regle les choses avec son petit ami. La dessus il n'avait pas change : il ne pouvait pas etre degueulasse ou ouvertement trahir quelqu'un.

Ce fut la main de Strify melee a la sienne que la jeune femme monta les escaliers montant aux chambres, sa demarche etant cette fois reellement legere.

Elle l'emmena a la chambre de Lucas et sourit en le voyant sagement assis en tailleur par terre, jouant avec ses pastels pour ameliorer son dessin. Decidemment elle n'etait pas la seule a etre perfectionniste.

"Corazón" appela-t-elle avec douceur.

L'enfant leva la tete et sourit avant de se lever pour venir vers eux. Et Kali d'eclater de rire en voyant le regard noir que son fils posait sur les mains liees de sa mere et de l'androgyne.

"Està bien" assura-t-elle en se baissant au niveau de son fils. "Ca va cheri. Tout va bien"

Bien que ces mots d'allemand soient simples, basiques la blonde les avait prononces lentement. Cette langue etait une de celles que Lucas avait vraiment du mal a assimiler et elle ne voulait pas le brusquer en lui montrant qu'il pouvait ne rien comprendre a rien. C'etait en faisant de l'allemand une langue familiere qu'elle aiderait son fils a se l'approprier... Sans compter qu'elle devrait prendre l'habitude a lui parler plus dans cette langue.

"Nada està bien. Él no tiene derecho a tocarte asi"

"Lucas escucho. Él tiene derecho a tocarme. Y a ámame. Es... "

"No" la coupa l'enfant.

"Lucas, suficiente así" gronda Kali en levant la voix, ferme et puissante. "Tu me escucha ahora"

L'effet fut immediat puisque Lucas se calma attendant docilement que sa mere reprenne la parole. Celle-ci le prit contre sa hanche en se levant, et prit conscience que son fils ne pesait pas grand chose.

"Es Sebastian, corazón. Es..."

"Papa"

En une minute l'ambiance de la chambre avait totalement changee : de tendue, presque menacante lorsque Lucas avait vu les mains enlacees de ses parents elle etait maintenant detendue et joyeuse laissant place a l'emotion. Kali sentit les larmes aux yeux quand son enfant tendit les bras vers Strify, quelques secondes apres l'avoir appele "papa". Et Dieu qu'ils etaient magnifiques tous les deux.

"Dis lui que je suis ravi de faire sa connaissance, et que j'espère tout se passera bien entre nous ..."

La blonde sourit tendrement, touchee par les paroles de son ange et totalement sous le charme du tableau que representait les deux hommes de sa vie.

"Oh oui moi aussi" s'empressa de repondre Lucas dans un grand sourire bien qu'avec un accent... tres espagnol.

Kali grimaca legerement, se promettant de mettre les bouchees doubles pour que Lucas s'ameliore... Et en profiterait pour s'y remettre par la meme occasion. Depuis des annees qu'elle n'avait que tres peu pratique l'allemand elle etait sure d'avoir forcement regresse.

"J'ai essaye de lui apprendre un minimum d'allemand"
expliqua-t-elle en souriant, se rappelant des prises de tete avec cette maudite construction de phrases et ces foutus mots a rallonge. "Il a peut etre pas le niveau d'un enfant de son age, mais il comprend pas mal de choses"

"Et je parle tout bien l'anglais et le france"

Et bam. C'etait previsible. Les mots devenaient compliques et Lucas les confondait inevitablement. Enfin, du moment qu'il se faisait comprendre... C'etait deja ca.

"Le francais, mon bebe"

"Mais t'as plus le droit d'y aller tu m'as dit"

Patience... Sainte Patience...

"La France c'est le pays, et le francais c'est la langue. Toi tu as dit le contraire"

"Faut que j'apprenne plus mieux l'allemand encore"

Plus... mieux? En effet ca urge, pensa la jeune femme en lancant un regard a la fois amuse et desole a son ange. Si elle travaillait moins elle aurait moins neglige le niveau d'allemand de Lucas. Mais bon bien que les salaires de createurs stylistes soient toujours eleves, celui seul de Maria ne suffirait pas. Et un mi-temps n'etant pas compromis acceptable dans la boite ou elles travaillent...

"On va se remettre aux lecons d'allemand mon coeur, et on va apprendre l'espagnol a papa en meme temps" proposa Kali a son fils en se retenant de rire.

Ouais... Ou pas.

Il etait vrai que Lucas avait un caractere assez difficile envers les frequentations meme amicales de sa mere, et que ca compliquait parfois les choses. Par exemple elle ne pouvait discuter avec un collegue - quand bien meme ils se limiteraient a parler travail - sans que son fils ne pique une crise. Celui-ci lui avait rapidement fait comprendre qu'il ne laisserait aucun homme l'approcher. Aucun, a part son pere. Et Kali avait compris que ce n'etait qu'une peur de Lucas d'imaginer qu'elle n'aime plus Strify quand il pourrait alors revenir vers eux...

Mais voila. Kali n'avait eu aucune envie d'oublier son premier amour, ses sentiments bien qu'ils aient ete douloureux lors de ces annees etaient restes intacts dans son coeur.
Et maintenant qu'ils etaient enfin reunis elle ne pouvait que l'aimer encore. Toujours plus fort.

Elle l'aimait, oui. Et le seul autre homme pour qui elle eprouvait un tel amour etait son fils. Leur fils. Ce petit ange qui portait leur amour dans ses veines. Peut etre le plus beau cadeau au monde que la vie puisse leur faire.

"Muy bien" (tres bien) sourit fierement Lucas en entendant son pere parler espagnol. "Puis en plus on vit dans la ville qui a ton prenom"

Drole de coincidence, oui. C'etait aussi une part de ce qui avait decide Kali a venir habiter avec Maria. Mais etant realiste il avait fallu qu'elle vienne en priorite la ou elle aurait un logement et un travail.

Pensees desquelles la blonde fut sortie par une sonnerie. Elle chercha immediatement d'ou cela put venir et fit signe a Lucas de ne pas faire de bruit en voyant l'androgyne saisir son telephone.

Mais vu l'expression de son ange... Ca ne pouvait pas etre une bonne nouvelle.

En effet, le dessin etait un excellent moyen d'occuper Lucas. Il adorait ca c'etait son moyen a lui de s'evader, d'imaginer, recreer le monde a sa facon... Et c'etait un bon moyen de le tenir a l'ecart des choses puisque plonge dans son univers il oubliait ce qui se passait autour de lui.

Kali regarda tendrement son petit ange colorer une nouvelle feuille, ses pastels courant partout sur la surface, sa petite bouille appliquee prenant place sur son visage.

Puis elle suivit docilement Strify qui l'entraina a l'entree de la chambre, serrant la main qui tenait la sienne.

Qu'est ce qu'on fait maintenant?

Qu'est ce qu'on fait. Ces mots resonnaient dans l'esprit de la blonde. En fait elle etait prete a n'importe quoi du moment que le resultat final les ramenait a etre ensemble, tous les trois. Et elle savait que peu importe ce qu'il leur en couterait Lucas suivrait sans broncher.

Tout ce qui comptait c'etait qu'ils soient ensemble.

"Tu as des trucs a regler en Allemagne, ca me laisse le temps de terminer ici. Ensuite..."

Bonne question.

"Ensuite c'est a toi de me dire ce qu'on fait mon amour" souffla la jeune femme en caressant la joue de l'androgyne.