Tu n'osais surement plus l'esperer... [Strify]

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31 octobre. Un concert de Cinema Bizarre a Barcelone? Kali ne pouvait totalement pas rater ca. Elle ne pouvait pas, au dela de passer un super concert devant un groupe qu'elle adorait, passer devant une occasion de revoir Sebastian. Sebastian. Ca semblait incroyable de le voir devenu chanteur dans un groupe lui qui avait tellement d'autres reves. Et pourtant. C'etait a croire que la vie leur reservait decidemment bien des surprises a tous les deux...

Finalement le concert avait ete a la hauteur, comme d'habitude. Et maintenant la jeune femme sentait le stress monter. Il fallait qu'elle passe backstage... Ok encore ca elle trouverait un moyen. Mais comment faire, quoi dire, face a celui qui doit penser mille maux d'elle? Celui que sans le vouloir elle avait surement blesse par son absence... comme elle meme en avait souffert.

Restait a esperer qu'apres ca le destin se montrerait plus clement

Passer backstage fut assez facile : il avait suffi de se fondre dans la masse et interpeler Yu de cette facon qu'elle seule avait de le faire, pour qu'il comprenne que c'etait bel et bien elle. Bien sur celui-ci avait ete plus que surpris et avait d'abord semble ne pas la croire. Mais elle avait su rapidement lui prouver qui elle etait reellement. Il avait ensuite suffi d'ignorer son regard noir et le suivre backstage.

Et la le stress devint une reelle angoisse

Kali ne voulait pas echouer. Elle voulait retrouver l'androgyne, s'expliquer, lui dire cette verite que probablement personne ne pense et que tout le monde deforme en la faisant passer pour une garce. Elle avait toujours ete sincere avec lui peu importe la situation ou l'importance de la chose. Et elle refusait clairement que meme aujourd'hui il en doute.
Au fond il etait vrai que l'espagnole desirait egalement une seconde chance. Mais ca elle savait pertinemment que ca ne viendrait pas immediatement et qu'il faudrait qu'elle laisse du temps a l'androgyne. Ou peut etre se faisait-elle simplement de faux espoirs et que tout cela ne rimait a rien d'autre que retablir la verite sur une histoire qui resterait a jamais dans le passe...

Mais maintenant qu'elle le voyait face a lui les choses semblaient mille fois plus compliquees, voire impossibles. Par ou commencer alors qu'elle avait tant a lui dire...

31 octobre 2009. Ce jour si normal pour tellement de monde et qui pourtant allait devenir tellement particulier pour Strify. Mais ça, il ne le savait pas encore.

Comme chaque matin de concert, Strify avait ouvert les yeux dans une ville totalement inconnue pour lui. Aujourd’hui ça serait Barcelone.
Soit.

La journée s’était déroulée comme n’importe quelle journée de promo : se réveiller, se pseudo préparer, faire des répets, se préparer et monter sur scène.

Comme à chaque fois, le chanteur était stressé à l’idée de monter sur scène. Mais ce soir encore, il assurerait le show, alternant provocation et émotions.

Ce soir là surtout, son regard balaya la salle lorsqu’il commença son spitch de début de concert. Comme d’habitude. Mais ce soir là surtout, son regard se stoppa sur une personne du public. Il avait reconnu deux ou trois fans qui suivaient le groupe partout au premier rang mais ce n’était pas elles.

Cette fille était plutôt jolie, blonde, élancée. Comme il y en avait des tas dans son public habituellement. Mais celle-ci avait un regard particulier. En fait, Strify avait l’impression de la connaitre. Il voyait tellement de monde que bien sûr, il n’aurait jamais su dire d’où il la connaissait, surtout que son physique lui paraissait vraiment inconnu. Mais ce regard …

Pendant tout le concert, l’androgyne essaya de se rappeler d’où il pouvait bien connaitre cette jeune fille mais il en était incapable. Il fit la meilleure prestation de sa courte carrière ce soir là. Parce qu’il voulait vraiment bien faire pour cette fille, comme si c’était important pour lui d’avoir
une bonne image auprès d’elle. Il ne voulait vraiment pas la décevoir.

Le concert se termina un peu trop vite au gout de Strify qui s’était beaucoup amusé. Il se laissait transporter par tous ces cris des fans.
Il était bien. Mais son esprit ne cessait de le torturer avec cette jeune
fille.

Il était à présent en bakstages à se reposer un peu, les garçons échangeant avec entrain leurs impressions sur le concert. Que du positif. Pour une fois …

Leur manager leur amena les fans ayant gagné d’une façon ou d’une autre les bakstages. Strify aimait beaucoup rencontrer ses fans mais depuis un petit moment, il était quelque peu délaissé pour Kiro et Shin alors forcément, ça le rendait moins joyeux. Il colla donc son masque de garçon
heureux et épanouis sur le visage et se leva du canapé pour accueillir le petit groupe.

Chacune des fans allaient voir son préféré, et Strify eu le droit lui aussi aux discutions, photos et autographes traditionnels. Mais ça le lassait un peu… jusqu’à ce qu’il la voit. Oui elle, la fille du premier rang. Un grand sourire s’accrocha alors à son visage. Peut être que la soirée n’allait pas être si nulle que ça en fait.

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En voyant d'un coup Sebastian face a elle Kali sentit le courage la quitter. Etait-ce une bonne idee au fond, d'etre venue jusqu'ici... N'aurait-elle pas mieux fait de se reposer comme le lui avait conseille sa soeur alors que demain serait une journee de folie au studio? Ou d'etre autre part qu'ici? De quel droit etait-elle ici a chambouler une fois de plus la vie de l'androgyne.

Mais en voyant ce sourire qu'il lui adressait... L'espagnole se surprit a y croire. Elle ne pouvait que sourire elle aussi, bien qu'elle soit moins a l'aise. Et inconsciemment de jouer avec son collier comme a chaque fois qu'elle etait nerveuse.

Ou tu lui dis la verite ou c'est moi qui le fait, souffla le guitariste en passant pres d'elle.

Yu lui en voulait. Premiere nouvelle. Bon ok ca prouvait que cet elan de surprotection qu'elle lui avait toujours connu avec le blond etait encore ancre dans leur relation. Mais pour une fois elle aurait bien voulu qu'il s'en passe... Ca ne l'aidait en rien bien qu'elle savait ne pas devoir s'attendre a voir en lui un soutien, alors qu'elle savait qu'on lui donnait le mauvais role. Celui d'une garce jouant comme avec son petit ami comme une vulgaire marionnette et se fichant eperdument de ses sentiments.

Et tournant a nouveau son regard vers l'androgyne la jeune femme se sentait plus que mal. Elle etait totalement perdue et ne savait meme pas quoi lui dire, lui souriant avec plus ou moins d'assurance et jouant avec son collier qui tournait entre ses doigts.

Un simple objet temoin d'un aveu tacite

Strify n'avait pas spécialement envie d'être là après le concert, à faire le faux-cul pendant près d'une heure. Il était épuisé et n'avait qu'une envie, rentrer prendre une bonne douche froide et se coucher. En plus il n'arrivait pas à se rappeler où il avait pu voir cette jeune fille du premier rang auparavant et ça lui tourneboulait l'esprit. Comment un physique complet ne pouvait rien lui dire alors que 2 yeux s'imposaient à lui comme une connaissance ?

Mais comme d'habitude, il ferait abstraction de ses états d'âme pour le bonheur des fans. Et finalement, il ne fut pas déçu. La jeune femme qui obsédait tant ses pensées se trouvait là, dans un coin de la salle. Elle était seule et semblait un peu perdu. Strify pensa qu'elle devait juste être nerveuse à l'idée de les rencontrer. Alors que certaines fans n'hésitaient pas à se jeter sur eux, d'autres avaient même peur de les approcher. C'était comme ça, ils étaient des stars et certaines personnes avaient la fâcheuse tendance à les mettre sur un piédestal alors qu'ils n'étaient que de simples humains.

Le chanteur se dit que c'était donc une occasion rêvée pour aller lui parler. Après tout, si elle était là, c'était bien pour les rencontrer, non ? Strify n'était pas un monstre, il saurait parfaitement la mettre à l'aise et l'aiderait à aller vers les autres membres du groupe. Et puis qui sait; il pourrait peut être en profiter pour savoir s'ils s'étaient déjà vu quelque part ...

C'est alors qu'il vit Yu s'approcher d'elle et lui parler. Bien sur, l'androgyne ne su ce qu'il lui avait dit mais il fallait bien l'avouer, il était comme piqué au cœur. De la jalousie ? Mais de quoi ...?

Finalement, il n'était plus très sur de vouloir aller vers elle. Deux filles s'approchèrent alors de lui et lui demandèrent autographe et compagnie. Strify se plia au jeux. Il posa avec elles, leurs signa des autographes avec un grand sourire aux lèvres. Quand il releva la tête, son regard se posa immédiatement sur la jeune fille blonde du premier rang. Elle avait les yeux rivés sur lui et ne cessait de torturer son collier. Elle était seule, encore une fois.

Strify souffla et se dirigea malgré lui vers cette jeune fille qui l'intriguait tant. Il ne savait pas ce que cela allait changer dans sa vie ...

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Kali n'osait pas approcher, non. En fait elle avait meme du mal a ne pas partir en courant tellement le stress l'opressait. Si elle etait restee anonyme elle aurait pu en profiter pour approcher son ex petit ami sans trop de mal... jusqu'a lui devoiler qui elle etait. Mais la, Yu la surveillait. Discretement ok mais il ne la lachait pas des yeux lui lancant un regard si noir qu'on aurait dit qu'il voulait la poignarder. Ce qui etait peut etre vrai au fond. Et comprehensible.

Finalement ce fut Strify qui vint vers elle et la blonde sentait son coeur battre de plus en plus fort, serrant si fort son collier dans ses doigts qu'elle sentait le metal la bruler tant le contact etait violent. Elle lui sourit maladroitement mais a vrai dire elle ne savait pas quoi faire d'autre. Elle n'arrivait pas a etre a l'aise alors qu'elle etait presque certaine qu'une fois que le chanteur saurait qui elle est, la colere remplacerait les sourires sur son visage.

"Super concert. On voit que tu te donnes a fond, c'est genial"

Concert? Parler concert? Idiote, se gifla mentalement la jeune femme. Elle avait tellement a lui dire que commencer par la semblait stupide. Ridicule.

Et son trouble ne fit qu'augmenter alors qu'elle se rendit compte qu'elle avait du mal a ne pas fixer les levres de l'androgyne. Ces levres dont elle pouvait encore imaginer la douceur, la chaleur sur les siennes. Elle baissa immediatement les yeux. Elle n'avait pas le droit de penser a ca quand bien meme elle l'aimait comme une folle. Meme si ce contact lui manquait affreusement. Comme lui, tout simplement.

Strify sentait bien qu'il y avait quelque chose de bizarre. Il n'aurait pas su dire à quoi cela était dû mais il avait comme une mauvaise impression.

Peut-être que cela était dû à sa déception. Yu avait su aller vers elle en premier et lui parler. Certes très brièvement, mais quand même.
Et puis ça avait été plus fort que lui, les yeux de l'androgyne ne cessaient d'aller de la jeune fille au guitariste. Et les yeux gris de ce dernier étaient fixés sur la blonde. Et ça, ça le bouffait.
Sa seule consolation était que la jeune fille semblait ... comme fascinée par lui ?

Finalement, il s'avança vers elle malgré tout, encouragé par ces yeux bleus-gris posés sur lui. Il ne savait pas trop comment engager la conversation ... ça serait bien la première fois d'ailleurs. Lui qui avait toujours une facilité déconcertante pour aller vers les fans d'habitude.

Son sourire ne le quitta pas lorsqu'il franchit les derniers pas les séparant.

"Salut"

Dit-il enjoué. Très bonne entrée en la matière, quoique très basique. Il n'allait pas casser des briques avec ça...

Il se mordit un peu la lèvre lorsque la jeune fille lui fit un compliment.

"Je suis ravie que ça t'ai plu"

Répondit-il, toujours ce maudit sourire accroché aux lèvres.

"J'aime la scène, je ne saurais pas faire autrement que me donner à fond de toute façon. Mais ça me fait plaisir que tu l'ais remarqué"

Strify voyait bien que la jeune fille avait du mal à affronter son regard mais il se dit que c'était juste parce qu'elle était timide.

"Tu veux manger ou boire quelque chose ? Avoir un autographe, une photo ...?"

Bah oui, toutes les fans attendaient ça d'eux, non ?

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Yu ne la lachait pas des yeux c'est vrai. Comme si il etait pret a lui sauter a la gorge au moindre geste, moindre mot de travers. Et cela rajoutait encore a l'angoisse qui tenaillait le ventre de la jeune femme qui de plus en plus se sentait l'envie de vomir. Elle se sentait aussi nauseeuse que lors de sa grossesse et il fallait le dire : c'etait vraiment desagreable. Il fallait qu'elle relache la pression. Meme si c'etait difficile de se retrouver ainsi face a l'homme de sa vie... Parce que oui malgre les annees, la distance, c'etait bel et bien comme ca que le prenom de l'androgyne restait grave en elle. Son premier amour. Celui aupres de qui elle voulait passer sa vie jusqu'a en mourir. Et ils avaient tellement a rattraper...

"J'aime la scène, je ne saurais pas faire autrement que me
donner à fond de toute façon. Mais ça me fait plaisir que tu l'ais
remarqué"

"C'est pas vraiment difficile. Je le vois dans tes yeux"

Hop la, marche arriere! Kali se mordit la levre. Cette phrase ne ferait que la trahir un peu plus. Mais apres tout son collier le faisait deja. Comme son coeur, qui battait si vite et si fort qu'il la trahirait inevitablement si Strify pouvait l'entendre.

"Tu veux manger ou boire quelque chose ? Avoir un autographe, une photo ...?"

*Non. Moi c'est toi que je veux* pensa-t-elle le coeur serre.

La jeune espagnole inspira et hocha nerveusement la tete, acquiescant sans vraiment savoir a quoi. Au moins elle gagnerait du temps avec l'androgyne et c'etait tout ce qui importait. Se rehabituer a sa presence pour mieux reussir a lui faire face au moment venu. Parce qu'il le faudrait. Parce qu'elle avait trop besoin de lui pour repartir sans lui avoir dit la verite. Elle en etait incapable.

Finalement, ça n'avait pas été si difficile que ça. D'aller voir la jeune femme blonde du premier rang qui l'avait tant déstabilisé pendant le concert.

Bien sur ils se disaient des choses d'une banalité incroyable, mais au moins, il avait réussit à aller vers elle, oubliant le reste... enfin presque, il sentait le regard de Yu constamment posé sur lui et ça, ça le gênait. Il essaya bien de l'interroger du regard mais le guitariste esquiva, bien évidemment.

"Je le vois dans tes yeux"

Cette phrase fit comme une détonation au fond du chanteur. Elle n'avait pas le droit de dire ça !!! Il n'y avait qu'une seule et unique personne qui savait réellement le faire. Et cette personne n'existait plus. Le cœur de l'androgyne se broya rien qu'à y repenser. Mais de quel droit cette fille pouvait-elle prétendre arriver à lire en lui comme ça ?!

Strify se renfrogna un peu et cela ne se calma pas lorsqu'il vit que la jeune fille avait la fâcheuse tendance à tripoter un collier. ça aussi, l'autre personne le faisait. Comme le collier était bien planqué entre les doigts de la blonde, il ne voyait pas à quoi il pouvait bien ressembler, mais il fallait mieux.

Bref, maintenant qu'il était là, il n'avait pas d'autre choix que de continuer à être aimable avec la jeune fille et essayer de l'incruster auprès des autres membres du groupe.

Enfin pour l'instant, ils se dirigèrent vers le buffet, Strify songeant qu'ils auraient le temps pour les photos après.

"Au fait, tu t'appelles comment ?"

Lui demanda Strify, qui avait l'air d'un con de pas avoir demandé plus tôt.
Il se servit un verre de jus d'orange et fit signe à la jeune fille de prendre ce que bon lui voudrait sur la table. Et puis finalement, il se risqua

"Tu vas trouver ça bizarre mais ... est-ce qu'on se connait ?"

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Petit a petit Kali reussissait a faire abstraction du regard du guitariste sur elle et c'etait tant mieux. C'etait un poids en moins. Un sacre poids meme etant donne le regard assassin qu'il posait sur elle.

Regard pas moins assassin que celui que lancait son ex petit-ami, apparemment blesse par ses mots. Decidemment sa maladresse lui jouait bien des tours. Et elle s'en voulait alors qu'encore une fois c'etait lui qui en faisait les frais... Elle ne supportait pas le voir souffrir. Elle n'avait jamais pu.

Finalement l'androgyne passa au dessus de sa colere, de sa detresse et l'emmena au buffet. Passant devant Yu au passage ce qui lui donna une occasion de lui donner un leger coup de coude au passage lui faisant comprendre de se calmer... avant qu'elle meme ne pete un cable et n'en vienne aux mains avec lui si il le fallait pour le calmer. Ce dont ils se savaient tous les deux capables.

Finalement ce fut en language des signes qu'ils continuerent plus ou moins a "s'engueuler", leurs mots se faisant cinglants. Silencieux certes mais presque violents. Parce que Yu en voulait a la jeune femme d'avoir tant blesse l'androgyne et elle lui en voulait de croire qu'elle tenait belle et bien le role de la garce manipulatrice. Alors qu'il etait cense l'avoir assez bien connue pour etre capable de savoir qu'elle n'aurait jamais fait ca.
Ok Kali avait ete une Deslioncourts. Mais cela s'arretait au sang. Elle n'avait jamais ete une des leur. Elle ne s'etait jamais sentie a sa place dans cette famille qui avaient un portefeuille a la place du coeur et confondaient amour et desir.

Alors qu'ils arrivaient au buffet la jeune femme arreta de signer car en effet, elle avait besoin de ses mains pour attraper un verre qu'elle remplit au quart de sirop avant de le remplir de coca. Elle avait toujours adore ce melange pour le moins sucre et delicieux. Et elle se rendit rapidement compte de son erreur : cela faisait justement trop longtemps qu'elle adorait ca. Et elle etait prete a parier que Strify reconnaitrait le melange.

"Au fait, tu t'appelles comment ?"
"Kali. Kali Torres" repondit nerveusement l'espagnole alors que dans des gestes precipites et maladroits elle se debarassait de son verre pour en remplir un autre d'un simple jus de fruits. Ne restait qu'a esperer que le chanteur n'avait rien remarque.

"Tu vas trouver ça bizarre mais ... est-ce qu'on se connait ?"

L'espagnole soupira et en croisant le regard de son ex petit-ami elle ne se sentit pas le courage de se cacher davantage. Elle laissa donc son collier retomber sur son cou, le laissant a libre vue de tous et se replongea dans ce regard dont elle avait oublie l'intensite.

"Non. On se connait par coeur, Sebastian. Regarde au dela de ces
masques qu'on porte toi et moi... On a trop change l'un et l'autre pour
que tu puisses t'y fier. Et on a jamais eu besoin de se voir pour se
retrouver"

Strify en voulait à la blonde. Bien sûr, une simple inconnu ne pouvait pas savoir à quel point ces mots étaient blessants pour lui.
Mais même, comment pouvait-elle prétendre le connaitre aussi bien que ça pour arriver à lire dans ses yeux alors que jamais personne y était arrivé. Vraiment personne ?
Strify secoua sa tête pour faire disparaitre l'image qui s'imposait en lui, un visage d'ange cachant en vérité un cœur monstrueux. Et encore, si cela pouvait s'appeler un cœur. Une envie de s'amuser, c'est tout ce qu'on lui avait répondu lorsqu'il s'était inquiété de la disparition de celle qui était alors sa petite amie depuis plus d'un an. Un an à se faire avoir comme un con.

Mais bon si cette fan était soit disant assez forte pour lire dans ses yeux, Strify se fit un malin plaisir à se dissimuler un peu plus. Son masque de mec parfaitement heureux, agréable et compagnie se renforça sur son visage qui aurait pu être ravagé par les larmes s'il avait été seul à cet instant. Lui qui pensait avoir réussit à enfouir au plus profond de lui toute cette histoire, c'était fichu.

Il accompagna donc la fan au buffet, passant près de Yu. Un petit sourire victorieux s'étala sur son visage. C'était avec lui qu'elle parlait, pas avec le guitariste. Oui car malgré tout ça, Strify trouvait encore le moyen d'être fier d'avoir cet avantage. Il remarqua bien le regard noir que leur portait le brun mais Strify n'y prêta pas plus attention. Il avait réussit.

L'androgyne se servit donc à boire, et ne pu s'empêcher de s'étonner en voyant la jeune fille faire une sorte de boisson un peu étrange... mais qu'il connaissait déjà. Non, ce n'était pas possible, cette fille en faisait exprès ?!!!
Ou alors elle était envoyée par un dieu auquel Strify ne croyait pas pour le punir de quelque chose dont il n'avait pas encore conscience, ce n'était pas possible autrement.

Il manqua de s'étouffer avec son jus d'orange, se dépêchant de reposer son verre sur la table alors que la blonde se resservait un nouveau verre.

Mais là, ça faisait vraiment beaucoup trop. Ces yeux qui lui rappelait quelqu'un sans qu'il ne sache qui; cette manie de tripoter son collier, cette boisson spéciale... Même si le physique de la jeune fille ne lui disait rien, Strify était persuadé qu'il la connaissait. Bien évidemment, il ne s'attendait pas à ce que ça soit la même personne, mais peut être une connaissance quelconque de la jeune fille qu'il avait tant aimé.

Et là, son sang ne fit qu'un tour. Son cœur s'arrêta surement de battre. Non, c'était tout simplement impossible.
Le collier qui reposait à présent sur la gorge de la jeune fille était un simple cœur pendu à une chaine incroyablement fine. Quelque chose de simple certes, mais magnifique. Et qui avait tellement d'importance pour Strify.

Ce collier, il le connaissait par cœur. Et pour cause, c'était lui qui l'avait offert à sa première petite amie. Comme une promesse de toujours. Un promesse qu'Elle* n'avait pas tenue. Le détruisant un peu plus, alors qu'il commençait à peine à se reconstruire après la disparition de Kiara.

Cette intonation dans sa voix lorsqu'elle avait prononcé "Sebastian". Le garçon en question la connaissait si bien. Malgré toutes ces années passées à vouloir oublier, elle restait là, dans sa tête.

Et ces mots ... Strify sentit les larmes monter dans sa gorge, cherchant à sortir par ses yeux. Alors c'était donc vrai. Cette jeune fille avait lu dans ses yeux parce qu'elle était la seule qui n'ai jamais réussit à le faire. Parce qu'elle n'avait pas totalement disparut de sa vie.

"Serena ..."

Murmura l'androgyne, sa voix étouffée par les sanglots. C'était tellement étrange de re prononcer son prénom. Lui qui s'était toujours interdit de le faire depuis sa mystérieuse disparition.

Mais très vite, la colère reprit le dessus. Elle restait celle à l'origine de sa déchéance, de son incapacité à aimer à nouveau.

"Pourquoi tu fais ça ?"

Son ton était dur et ses yeux avaient très probablement changé de couleur, voilés à nouveau par sa colère.

"T'as pas le droit d'être là. Sors d'ici comme tu es sortis de ma vie il y a 4 ans. Sauf que cette fois, je ne pleurerais pas"

Il ne chercha pas plus loin et partit précipitamment de la pièce, allant se réfugier dans la loge voisine. Il s'écroula le long de la porte et les larmes tant refoulées jusqu'à présent purent enfin sortir. Heureusement qu'il ne devait plus pleurer à cause d'elle ...

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Evidemment, le choc etait dur pour l'androgyne. La jeune femme le savait et meme elle s'y attendait. Ce n'etait pas facile pour elle non plus. Et elle savait tres bien qu'apres 4 ans a se l'imaginer comme une garce manipulatrice Strify aurait perdu toute confiance en elle. Reaction normale mais qui ne manqua pas de faire se serrer son coeur, au point qu'elle aurait pu s'en etrangler.

Ses parents avaient reussi alors? Ils les avaient vraiment brises...

La reaction de son ex petit-ami fut pour le moins brutale, mais bien que ca lui fasse mal Kali ne pouvait faire autre chose que s'avouer que c'etait normal qu'il en soit ainsi.

A peine le chanteur fut-il sorti que Yu sembla lui sauter dessus completement hors de lui.

"Qu'est-ce que t'as encore fait"

"Non. Pas maintenant" cingla la blonde en se degageant de la prise qui se refermait sur son bras.

Elle tenait tete au guitariste. Premiere nouvelle. Mais cette fois elle avait bien plus important a faire que se soucier de ce qu'il pouvait bien dire ou penser, ou meme penser a avoir peur de cette colere dans ses yeux.

Bien sur il essaya de la rattraper mais l'espagnole lui fila entre les doigts, sortant de la loge. Elle souffla a fond une seconde et se concentra sur l'androgyne.

"Ok. Tu es Sebastian, tu vas mal... Ou est-ce que tu vas" murmura-t-elle pour elle meme.

C'etait surement ridicule de se parler toute seule... mais au moins ca marchait. Elle avait reussi a mettre de l'ordre dans ses idees et avait pose sa main sur une porte voisine a la loge. Intuition confirmee par les pleurs qu'elle entendait au travers de la porte qui se dressait entre eux comme une barriere de plus. Pleurs qui suffisaient a la faire pleurer, elle aussi tant cela lui faisait mal de sentir la douleur de celui qu'elle aimait.

"Seb... S'il te plait, ouvre moi. Je te jure que je peux tout t'expliquer"

Ok, Strify avait l'impression de devenir dingue. ça ne pouvait être qu'un mauvais cauchemar, non ?
Combien de fois avait-il espéré que son chemin recroiserait celui de Serena ? Des centaines, des milliers de fois ? Ces rêves là tournaient en boucle les nuits où il arrivait à dormir après sa disparition. Parce qu'il ne voulait pas croire que celle qu'il aimait tant se soit foutu de sa gueule à ce point là. Mais jamais elle n'était réapparue. Et Strify avait bien été forcé d'admettre que les parents de la jeune fille avaient raison. Elle s'était moquée de lui depuis le départ, cherchant juste un point d'attache le temps de ses études, ignorant totalement son cœur brisé le jour où elle retourna chez elle avant de s'envoler vers une autre destination, une où elle avait dû trouver un autre pigeon comme lui.

Mais là, il ne voulait plus la voir. Il avait tiré un trait dessus depuis trop longtemps. Et puis c'était trop douloureux.

Alors que faire de plus que de fuir ? Puisque de toute façon, cette vision était trop insupportable pour lui.
Bien sur, il risquait de se faire appelé Arthur par son manager mais tant pis, de toute façon, le voir ravagé en larme en plein milieu de la pièce n'allait pas être beaucoup plus flamboyant.

Il se dirigea donc vers la première porte ouverte qui s'offrait à lui. Il la referma avec colère. Voila, elle venait à peine de revenir dans sa vie qu'il souffrait déjà plus qu'il n'avait souffert toutes ces dernières années.

Il s'écroula, à bout de forces, dos à la porte. Il essayait bien tant bien que mal d'étouffer les sanglots qui le ravageaient mais les soubresauts étaient trop puissants. Il manquait déjà d'air.

Une seule question tournait en boucle dans la tête de Strify : Pourquoi était-elle revenue maintenant ? Qu'attendait-elle de lui à présent ? Voulait-elle profiter de sa notoriété ? N'avait-il pas assez souffert comme ça encore ?

Il espérait bien que la jeune fille aurait compris le message, qu'elle ne le chercherait pas. Mais là, il rêvait un peu. Très rapidement, il entendit une voix s'élever à travers le bois. Une voix qu'il reconnu malgré malgré les bruits de ses pleurs.

La colère l'emporta une fois de plus

"Ne m'appelle pas comme ça ! Tu en as perdu le droit le jour où tu es partie sans aucune explication ! Sebastian est mort"

Et c'était vrai. Plus jamais on ne l'avait appelé comme ça depuis lors. Et il se moquait bien des explications bidons que pourraient trouver cette Kali. Après tout, elle avait sans aucun doute prévu tout un plaidoyer pour le faire craquer. Mais il ne se ferait pas avoir une seconde fois. Il n'en aurait pas la force.

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Ils etaient en train de se faire tellement de mal... Strify en refusant de l'ecouter, preferant croire ces mensonges qu'on lui avait raconte et ressassant ce mal ressenti durant quatre longues annees. Kali en restant la, derriere cette porte, se torturant sans reussir a savoir comment agir, reagir ou quoi dire pour faire avancer les choses. Et tous les deux pleuraient. Ecorches, dechires, brises.

"Comment peux-tu seulement croire que je serais partie si j'avais eu le choix?! Si je n'avais ete qu'une garce tu crois que j'aurais garde ce collier? Qu'alors je serais la? Que je serais la, a vouloir te raconter la verite au lieu de te laisser dans des mensonges?!"

Kali criait, c'est vrai. Elle criait, tambourinant contre cette porte qu'elle voulait voir s'ouvrir ou tomber.

"Mes parents t'ont surement raconte de beaux mensonges. Mais depuis quand on peut se fier a eux, tu sais tres bien qu'ils ont jamais accepte qu'on soit ensemble! Ils ont toujours tout fait pour nous monter l'un contre l'autre, nous separer!"

Mais elle n'etait pas en colere. Elle etait juste envahie par le chagrin. Ces quatre ans de douleur, de manque lui sautaient au visage. Et deja elle s'epuisait. Il lui fallait s'appuyer contre la porte pour ne pas tomber a genoux. Elle ne devait pas tomber. Sinon elle savait que cette fois elle ne s'en releverait pas.

"Ouvre cette porte, je t'en prie..."

Bien sûr que Strify refusait de l'écouter. La dernière fois qu'il l'avait fait, elle lui avait dit qu'elle l'aimait et que jamais ils ne seraient séparés. Et le lendemain, elle avait disparue. Belle promesse en l'air.

Jamais Strify n'avait voulu croire les Deslioncourt lorsque ces derniers lui avaient dit "leur" vérité. Et pourtant, en ne la voyant pas revenir, ne pas avoir une seule lettre, un simple signe de vie, il n'avait eu plus qu'à ce faire à cette affreuse idée. Et il en avait souffert plus qu'il n'aurait dû souffrir pour une garce comme ça.

Et pourtant, il entendait les sanglots de Kali à travers la porte. Il n'était plus le seul à pleurer. Mais elle devait probablement faire semblant, pour qu'il craque et lui laisse une chance. Elle devait jouer ce même jeu que lorsqu'elle faisait croire à Sebastian qu'elle était amoureuse de lui.

Malgré lui, Strify avait envie de croire à tout ça. Se dire qu'elle n'avait pas eu le choix. Qu'elle avait gardé ce collier pour ne jamais l'oublier. Comme tout cela était tentant ...

Et de la voir s'acharner sur la porte n'aidait pas Strify. Il commençait à être sérieusement perdu. Son coeur lui hurlait de laisser une chance à Serena de s'expliquer, qu'elle ne pouvait pas se mettre dans un tel état pour rien. Mais sa tête, elle était persuadée que la jeune fille se foutait de sa gueule, encore une fois. Alors, que faire ?

Les parents de Serena ... en y réfléchissant bien, c'était vrai. Ils n'avaient pas du tout été ravis de savoir que leur fille chérie s'était entichée d'un garçon de famille modeste allemande. Aucun avenir était possible avec lui selon eux. Il n'était avec elle que pour son argent ...
Pourtant, Strify s'en était toujours moqué. Bien des fois il aurait aimé avoir la fortune de Serena pour payer les meilleures autorités pour retrouver sa petite sœur. Et faire à sa chérie les cadeaux les plus merveilleux, n'ayant pas besoin de faire 40 petits boulots en plus de ses études. Mais JAMAIS il ne lui avait demandé quoique ce soit.

Et si, pendant près d'un an, toutes les tentatives des Deslioncourts avaient échoué pour faire se séparer les deux jeunes gens, il était possible que cette soudaine disparition ne soit que le résultat de leur première réussite ?

En entendant Kali supplier derrière sa porte, Strify sentit que ses dernières forces l'abandonnèrent. Après tout, il avait tellement espéré que ça soit quelque chose comme ça qu'il ne pouvait que écouter ce que cette Kali avait à lui dire. Mais au moindre faux pas, tout serait détruit.

Il s'appuya à la poignée de la porte pour s'aider à se relever. Il effaça maladroitement ses larmes d'un revers de manche, laissant sur son visage de longues trainées de maquillage. Puis il souffla un grand coup et ouvrit la porte, se retournant pour rester dos à Kali. Il n'avait plus la force de l'affronter après tout ça.

Invité

Kali avait toujours ete si sincere avec son ex petit-ami, que ce soit du petit detail a la grande verite, que le voir douter - bien que ce soit comprehensible - n'etait pas sans la blesser. Ca lui montrait a quel point ils s'etaient perdus, a quel point ces annees leur avait fait du mal... Peut-etre meme jusqu'a un point de non retour?

Rien qu'a y penser la jeune femme avait eu la sensation de se prendre un coup de poignard en plein ventre, son etre entier semblant se dechirer. Bien sur qu'on pouvait mourir de chagrin. Et c'etait bien ce qui allait lui arriver si elle ne se calmait pas. Pourtant il fallait qu'elle se releve. Elle ne pouvait pas abandonner.

Encore moins aussi vite. Elle devait le faire. Pour eux. Pour leur fils.

Ce fut difficile et non sans etre douloureux mais Kali reussit a se remettre debout, une main restant sur son ventre lourd. Elle detestait cette sensation. Elle ne devait pas laisser ce mal-etre la faire flancher.

Et lorsque la porte s'ouvrit a la volee devant elle la blonde soupira, une part de son mal semblant s'effacer quelque peu. Elle souffla un grand coup et se redressa entierement avant de cacher sa douleur. Montrer a quel point elle etait faible a l'androgyne alors qu'il etait encore tellement en colere ne serait pas une bonne idee. Ca ne l'est jamais de se devoiler a ceux qui nous detestent.

"Je me doutais que mes parents me donneraient le mauvais role" avoua-t-elle en entrant, refermant et verrouillant la porte derriere elle par reflexe. "C'etait le plus facile apres tout. Plus tu me detestais et moins tu me chercherais..."

Appuyee dos a la porte, ses bras dans son dos la jeune blonde soupira. Elle avait tellement a dire... Qu'elle ne savait pas par quoi commencer.

Strify ne pouvait pas faire autrement. Il ne pouvait pas ne pas avoir d'explications. Il en avait toujours voulu alors maintenant que Kali était là devant lui...

Bien sur, ça lui paraissait toujours aussi impensable qu'il ai réussit à reconnaitre Serena malgré le masque de Kali. Mais s'ils s'étaient retrouvés, ce n'était pas pour rien, non ?

L'androgyne n'eut pas d'autre choix que d'ouvrir cette porte qui les séparait encore. Il essaya de reprendre assez rapidement contenance, ne voulant pas laisser à la jeune fille le plaisir de le voir dans un tel état.

Ce ne fut que lorsqu'il entendit le cliquetis du verrou que Strify se retourna. Il avait assez souffert depuis le début de cette altercation, il savait qu'il n'avait pas fini d'en chier. Mais il ne voulait pas se sentir prisonnier. Il voulait être libre de pouvoir fuir à nouveau, même si ce n'était pas la meilleure solution.

"Laisse cette porte ouverte s'il te plais"

Son ton était mi-dur, mi-suppliant. Il ne voulait rien lui imposer mais il avait peur de se retrouver seul à seule avec elle.

"Ils m'ont dit ... que tu étais retournée chez toi, que je n'avais été qu'un passe temps. Je n'ai jamais voulu y croire, j'ai espéré tellement longtemps que tu reviendrais ... mais ça n'a jamais été le cas alors oui, j'ai fini par les croire. C'était plus simple pour passer à autre chose"

Ces souvenirs étaient beaucoup trop douloureux. Rien qu'en en parlant, le chanteur avait honte d'avoir abandonné. Après tout, pourquoi la jeune femme aurait-elle changé d'apparence si on ne l'y avait pas forcée ?

"Alors, quelle est ta vérité ?"

Demanda simplement Strify. Il la voulait, tout de suite et toute d'un coup. Il voulait sortir de ce cauchemar et au plus vite.

Invité

Kali etait un peu perdue, dans le sens ou elle ne savait pas comment s'y prendre. Elle ne perdait pas son objectif de vue ok mais elle savait que ca ne serait pas facile de raconter ce qui s'est passe. Et probablement, de l'entendre non plus. Si bien que comme rarement elle etait maladroite et hesitait a se lancer.

Elle deverrouilla la porte et la laissa entrouverte bien qu'elle soit consciente que cela serait plus risque, dans la mesure ou n'importe qui pouvait l'entendre. Mais elle voulait prouver a l'androgyne qu'elle ne cherchait ni a le pieger ni a le mettre mal a l'aise.

"Sa" verite? Il n'y en avait pas 50 versions. Il n'y avait que celle cousue de mensonges du debut a la fin de ses parents, et la sienne. La sienne au nom de realite. Realite que pourtant il n'etait pas simple d'enoncer...

"On a toujours gene mes parents" commenca la blonde maladroitement. "Leurs conneries de races, de rangs... Ils se croient les rois du monde et ils ont tellement peur que tout s'ecroule qu'ils font tout pour que les choses restent sous leur controle.

Des mes 17 ans ils ont commence a me parler fiancailles. Avec un 'jeune homme tout a fait respectable et de famille respectable'. Tu te souviens, ils appelaient de plus en plus souvent... C'etait justement pour essayer de me faire ceder. Sauf que ca marchait pas. Il allait falloir qu'ils trouvent autre chose parce que meme si ca les genait dans leurs super plans je voulais pas rentrer.

Et ils se sont pas genes pour trouver autre chose. Mon ... pere, m'avait prevenue que s'il le fallait il me ferait rentrer de force. Mais je pensais pas qu'il en aurait les moyens. Sauf que je me suis endormie a Berlin et je me suis reveillee deux jours plus tard en France.

Ils avaient tout prevu : la porte de ma chambre ne s'ouvrait pas de l'interieur, ils avaient fait installer des barreaux a chaque fenetre, aucun moyen de communication n'etait autorise... J'etais coupee du monde, enfermee dans cette cage ou ils esperaient me garder jusqu'a me marier. Il n'y avait qu'Aaron qui avait le droit de venir me voir une heure par jour et ca s'arretait la. J'avais le droit a rien d'autre"

La jeune femme apprehendait cette part de l'histoire. Parce qu'elle etait consciente que d'un coup apprendre toute la verite et se savoir pere ferait trop pour son ex petit ami. Beaucoup trop. Et elle se doutait que pour l'instant elle ferait mieux de garder cette partie de l'histoire -de leur histoire- sous silence, mais elle devait d'autant plus faire attention a ne pas faire de gaffes.

"Aaron a toujours ete de mon cote. Chaque jour on essayait de trouver une idee pour me faire sortir. Ca lui faisait mal, parce qu'il savait qu'en faisant ca on s'arrachait le droit de se voir. Que si je partais on devrait se perdre. Et... Ca a ete tres dur" Elle s'arreta, soufflant un grand coup essayant de retenir ses larmes. Penser a son double lui faisait mal. Tres mal. "Mais un jour il a fini par avoir une idee. Quand il m'a vue me couper et qu'il m'a dit 'ma puce, si tu veux sortir tu vas devoir mourir' je me suis dit qu'il etait devenu fou. Mais il parlait pas de me tuer, juste... de mettre en scene ma mort.

Il s'est arrange a me faire faire des prises de sang regulierement, et cachait les poches qu'il obtenait dans un frigo cache au sous sol. Petit a petit on a obtenu une dose assez enorme. Assez pour qu'aucun medecin legiste me croit encore vivante.

Des qu'on en a eu l'occasion tout a ete mis en scene : mes parents sortis il ne restait qu'a percer les poches un peu partout dans ma chambre, defoncer ma porte et me cacher. Aaron avait amenage sa chambre de facon a ce qu'on puisse y rester sans etre vus ou entendus et au bout d'une semaine j'ai eu l'occasion de m'enfuir. Un taxi m'a emmene a la gare et j'ai saute dans le premier train sans reflechir.

Je suis arrivee le lendemain a Madrid et la premiere chose a laquelle j'ai pense, c'etait mon apparence. J'etais cense etre... morte. Alors si on me voyait comme j'etais... Si on me reconnaissait... C'etait un risque que je pouvais pas prendre. Evidemment le nom de Deslioncourts a ete utile, pour une fois. Le chirurgien ne m'a meme pas pose de questions et il m'a refaite entierement pendant qu'a cote j'obtenais d'un juge et sous accord confidentiel le droit de changer d'identite.

A l'hopital j'ai rencontre une espagnole, Maria. Elle ne se faisait operer que de l'appendicite mais comme elle avait tarde a le faire elle est restee un moment. Les medecins avaient presque peur de la laisser sortir je crois. On est tres vite devenues amies et quand elle a compris ce que je faisais elle n'a pense qu'a une chose : m'aider. Elle m'a donc propose de partir habiter avec elle et me faire passer pour sa petite soeur.

Et Serena Deslioncourts devint Kali Torres, jeune styliste espagnole vivant avec sa soeur.

Quand j'ai vu les affiches du concert de ce soir, c'est... Ca a ete enorme. C'etait peut etre la seule chance que j'avais de te revoir. Je pouvais pas passer a cote. Je voulais pas.

C'est Yu qui m'a aidee a passer backstage. Ca a ete facile d'agir de facon a ce qu'il comprenne qui j'etais vraiment sans que personne ne remarque rien. Il etait vraiment furieux contre moi, mais il savait que c'etait important alors il m'a fait venir en gardant un oeil sur moi.

J'allais te dire qui j'etais mais encore une fois ma maladresse m'a trahie. Des mots, des gestes que j'ai pas reussi a cacher ou a retenir... Je me doutais que tu ferais de plus en plus le lien avec moi alors quand tu m'as demande si on se connaissait... Il a fallu que je trouve un moyen de me devoiler sans trop en dire"

Kali soupira, legerement essoufflee de parler autant malgre cette boule de nerfs pesant sur son ventre.

"La verite Sebastian c'est que si j'avais eu le choix. Si j'avais eu mon mot a dire dans cette histoire, on en serait pas la. Je serais jamais partie. Parce que je t'aimais. Vraiment"

"Et c'est toujours vrai aujourd'hui..."

Strify n'en revenait pas. Enfin il allait savoir la vérité. Oui parce que tout d'un coup, il lui paraissait totalement impossible que ce qu'avait pu lui dire le père Deslioncourts 4 ans auparavant soit vrai.

Il s'étaient tellement aimés ... Serena avait été la première vraie petite amie du jeune homme déjà androgyne ... et la dernière. Il lui avait tout donné, la moindre de ses attentions, ses sentiments et sa virginité.
Mais sa disparition et les mensonges de ses parents avaient rendu Strify différent. Il avait alors commencé les one-night, s'interdisant tout simplement de tomber amoureux à nouveau.

Alors même si au fil des années, il avait bien été forcé de reconnaitre que le patriarche français avait raison, maintenant qu'il avait à nouveau Serena -ou plutôt Kali- devant lui, il était prêt à croire n'importe quoi pourvu qu'elle ne l'ai pas lâchement abandonné de plein gré.

Strify soupira en voyant la jeune fille ouvrir la porte. Il se sentait tout de suite moins oppressé, moins pris au piège. De toute façon, personne ne passerait par là, les garçons et le manager étant coincés avec les fans au Meet & Great, les ingénieurs bien trop occupé à tout ranger pour être prêts à partir en temps et en heure.
Il était prêt, il pouvait tout entendre ...

Il laissa Kali raconter son histoire, ne cherchant pas à l'interrompre. Tout cela était tellement affreux à entendre. Et Strify ne pouvait que se haïr de s'être finalement laissé manipuler par la version officielle des Deslioncourts.

Bien sûr, le chanteur savait que ses "beaux parents" ne l'aimaient pas. Il n'avait trouvé grâce qu'aux yeux de Aaron, le frère jumeau de sa copine. Mais c'était bien loin d'être suffisant pour qu'on les laisse vivre en paix.

Strify cherchait dans ses souvenirs et c'était vrai, dans les dernières semaines de leur relation, il n'était pas rare qu'il tombe sur Serena, au téléphone avec ses parents, raccrochant pile au moment où elle le voyait rentrer dans une pièce. Il s'était bien demandé ce qui se passait mais jamais il n'aurait pu imaginer cela. Les mariages arrangés, en France comme en Allemagne, c'était interdit, non ?

Imaginer Serena enfermée dans sa cage dorée le rendait dingue. Ses parents étaient véritablement des malades mentaux.
Et il fallait bien toute l'ingéniosité d'Aaron pour monter un tel plan. Qui certes, avait fini par fonctionner.

Strify se dit que son ex petite amie avait du souffrir le martyr quand même, d'abord à vivre comme une prisonnière, ensuite en devant changer complètement de physique, multipliant les opérations chirurgicales puis d'identité. Non pas qu'elle soit véritablement attachée à son patronyme, ça elle l'avait toujours fait comprendre au blond. Mais c'était son dernier lien avec son frère, et maintenant, il ne leurs restait plus rien.

Le chanteur se dit que Kali avait un peu abusé, ce n'était pas la première fois qu'il venait en Espagne, et puis avec les dates de tournées, elle aurait eu largement une bonne dizaines de fois pour le retrouver. Alors pourquoi maintenant ? C'était peut être bien d'ailleurs la seule interrogation qu'il avait encore.

Il n'avait jamais supporté voir Serena pleurer, et bien que Kali ne lui ressemble pas, c'était tout aussi intolérable pour lui. Il aurait voulu la prendre dans ses bras et la câliner comme avant. Mais c'était trop dur pour lui. Beaucoup trop de chose pour une même soirée.

Strify ne pu s'empêcher de sourire un peu en entendant le prénom de Yu. Et dire que comme un con, il était jaloux de lui. Enfin de savoir le guitariste toujours aussi protecteur avec lui lui fit bien plaisir. C'était vrai que Kiro et Yu connaissaient un tout petit peu Serena. Mais apparemment c'était suffisant pour que le brun la reconnaisse malgré sa toute nouvelle apparence.

Bien sûr l'androgyne ne pensait pas que ça serait elle, mais ça faisait tellement de points communs que son cerveau ne pu s'empêcher de faire le rapprochement. Rien qu'à ses yeux, il savait qu'il la connaissait ...

Mais la fin de l'histoire fit comme une détonation en Strify. Alors c'était vrai hein ?! Elle n'avait jamais voulu partir. S'il n'y avait eu qu'elle, ils seraient surement encore ensemble aujourd'hui ...
Les lèvres de Strify s'étirèrent dans un mince sourire avant qu'il ne disparaisse tout aussi rapidement qu'il était venu. Elle l'avait attendu, elle l'aimait encore ...

Puisque Serena avait été sincère avec lui, Strify n'avait pas d'autre choix que de l'être à son tour.

"Je suis désolé"

Commença-t-il alors que des larmes commençaient déjà à poindre le bout de leur nez dans ses yeux.

"Je t'aimais, tellement si tu savais ... je voulais pas croire à leur histoire mais c'était tellement plus simple de se dire que tout ça c'était ta faute ... je t'ai détesté, haïs même, presque autant que je t'aimais... mais ... je n'ai pas eu d'autre choix que de continuer ma vie ... tu vois où j'en suis aujourd'hui ... et même si je dis partout que je suis célibataire ... et bien ... ce n'est pas vraiment le cas. Pardon ..."

Pourquoi ça lui faisait si mal de dire ça ? Il espérait de toute son âme qu'il soit en plein cauchemar. Mais en attendant qu'il se réveille, il n'avait pas d'autre choix que de fuir. Il se dirigea donc vers la porte et se retrouva presque collé à Kali qui se tenait encore devant.
Ce fut plus fort que lui, il posa sa main sur la joue humide de la jeune femme, laissant ses yeux retrouver les prunelles qui lui avaient tant manqué. Il se mordit violemment la lèvre pour ne pas craquer à son tour, ne sachant plus s'il devait la prendre dans ses bras ou partir. Quelle serait la meilleure des solution pour Kali ?

Invité

Kali avait mal. Cette histoire, elle n'avait jamais eu a la raconter jusqu'a maintenant. Les medecins et le juge ne lui avaient rien demande. Ensuite la seule personne a encore etre au courant etait Maria mais celle-ci lui avait dit de ne pas se forcer et qu'elle etait simplement libre d'en parler si elle en avait envie.
Pourtant elle ne l'avait jamais fait. Elle n'avait jamais raconte cette histoire a personne : c'aurait ete trop difficile. Parler en meme temps de sa relation dechiree par la simple rigidite d'esprit de ses parents, du lien gemellaire si precieux a ses yeux qu'elle avait du briser, des longs mois de torture physique pour changer de physique et penser a son fils... Leur fils, qui grandissait au fil des jours... Ca faisait enormement de choses a supporter en meme temps.

Beaucoup de mal et meme trop. Et Kali, bien qu'elle s'etait jusque la forcee d'etre forte avait eu besoin de craquer. Elle n'aurait pas tenu plus longtemps. Elle n'aurait pas pu.

Et entendre l'androgyne raconter sa version des choses, lui avouer l'avoir haie et avoir quelqu'un dans sa vie... Certes elle s'etait attendu a tout ca. Mais ca lui faisait encore plus mal. L'idee que Strify lui ait pu tourner la page etait une enorme claque. Mais au fond elle etait consciente qu'elle n'avait pas le droit de lui en vouloir.

"Je..."

Mais Kali sursauta en sentant la main de Strify sur sa joue. Elle qui avait baisse les yeux, encaissant coup sur coup ne l'avait meme pas senti approcher. Elle releva le visage et son regard se retrouva plonge dans celui si pur du chanteur. La proximite de leurs corps, leurs regards qui ne se lachaient plus firent battre son coeur encore plus fort. Et ce n'est qu'a ce moment precis que la jeune femme comprit a quel point il lui avait manque.

"Ne crois jamais que je pourrais faire quoi que ce soit qui te ferait du mal"

Strify se sentait mal. Mal et coupable d'avoir finalement réussit à tourner la page alors que Serena, elle, l'avait toujours attendu.

Pourtant, il lui en avait fallu du temps pour accepter tout ça. Se faire à l'idée qu'elle l'avait vraiment abandonné et qu'il fallait qu'il se reconstruise, qu'il avait assez souffert comme ça.

De toute façon, c'était à croire que c'était sa croix : voir les filles auxquelles il tenait le plus disparaitre du jour au lendemain. D'abord Kiara, puis Kali. Devait-il s'inquiéter pour sa mère aussi ?
Depuis lors, il ne s'était plus jamais attaché à une fille, par peur de la voir disparaitre un jour où l'autre sans aucune raison.

Alors il n'avait pas eu d'autre choix que de se réfugier dans la musique. Sa seule maitresse, capable de lui faire oublier au fil du temps le calvaire qui l'oppressait. Raconter des conneries avec les garçons, passer des journées entières au studio, en répets, en promo, à ne pas avoir le temps de penser à quoique ce soit. Bien évidemment, Strify n'avait jamais réussit à oublier tout ça, mais à force, cela restait enfouie au plus profond de lui.
A croire que ce 10 octobre 2009 était le jour où tout revenait lui sauter à la gorge.

Et comme par instinct, l'androgyne se retrouva près de Kali, les yeux dans les yeux. Ils l'avaient fait tellement de fois, avant. C'était plus fort que lui, sa main avait besoin d'effacer toute trace de chagrin et il avait comme l'impression que ses lèvres ne demandaient qu'à re découvrir leurs homologues. Mais non, il ne fallait pas. Ils ne devaient pas.

La dernière phrase de Kali le fit légèrement sourire.

"Je le sais aujourd'hui; ne t'inquiètes pas, je te crois"

Un sourire encourageant. Comme une envie de ne plus la laisser partir. Ses yeux étaient fixés sur une larme échouée à la commissure des lèvres de la jeune femme. Il était comme fasciné... mais ils étaient beaucoup trop proche de la porte et quand Kiro entra tout euphorique pour lui demander de venir dire au revoir aux fans, il les bouscula, rompant ainsi tout contact, physique ou visuel entre les deux jeunes gens.

Le bassiste s'excusa gauchement et sortit tout aussi rapidement qu'il était entré.
Strify renouvela son sourire bienveillant, reposa sa main sur la joue de Kali et lui fit un bisou dessus.

"N'attends pas 4 ans avant de me revoir si tu en as l'envie ..."

Dit-il avant de quitter la loge, retournant dans la pièce principale où les fans faisaient déjà leurs adieux aux membres du groupe.
Strify aurait-il la chance de la revoir un jour ? Il l'espérait fortement tout du moins ...

Invité

Strify dut sortir de la piece et Kali explosa carrement en larmes. Ces secondes entre eux avaient ete... a la fois empreintes de douceur mais aussi tres fortes. Comme avant. Et comme avant elle avait vu l'androgyne fixer ses levres.

Mais il n'avait pas cede. Il ne l'avait pas embrassee... Comme si il avait peur de le regretter...

Il n'y avait eu que cette invitation a revenir le voir, et c'etait fini. Il etait parti et l'avait plantee la. Ok qu'il veuille bien la revoir etait deja beaucoup mais la jeune femme etait tellement perdue qu'elle ne savait pas quoi en penser. Ou meme si c'etait une bonne idee. Parce que si elle se retrouvait encore dans cette situation... Elle ne pourrait pas resister a son envie de l'embrasser, le supplier de leur laisser une seconde chance.

Mais d'un autre cote il y avait leur fils. Leur fils qui esperait encore de voir son pere passer la porte de la maison, chaque jour. Leur fils qui pleurait chaque soir de peur de ne jamais rencontrer cet homme qui lui avait donne la vie. Leur fils qui a chaque fois qu'il voyait un "S" quelque part esperait y voir un signe de son pere.

Elle avait deja trop prive Lucas de son pere. Elle n'avait pas le droit de cacher a Strify qu'elle etait enceinte quand ses parents l'avaient fait ramener de force en France. Et rien que pour ca elle devait revoir l'androgyne.

Une fois calmee et son masque de jolie fille sure d'elle remis sur son visage, Kali retourna dans la loge principale. Seuls ses yeux etaient encore temoins des nombreuses larmes qui avaient coule durant ces longues minutes mais a moins que son ex petit-ami ne la regarde personne ne le verrait.

Elle attrapa le guitariste par le bras, l'entrainant pres d'une table alors qu'elle commencait a ecrire.

"Qu'est ce que tu fais" soupira-t-il durement.

"J'ai juste besoin d'un coup de main" repondit la blonde evasivement en terminant d'ecrire son adresse sur le morceau de papier.

"Et pourquoi je t'aiderais, toi?"

"Parce que si Seb veut me revoir, bien que je sois une garce finie tu n'iras jamais contre sa volonte"

C'etait evident. Et ils le savaient tous les deux. Yu ne fit que soupirer ce qui fit sourire legerement la blonde. Elle enleva doucement son collier et le lui tendit, plie dans le morceau de papier.

"Il a toutes les cartes en main. C'est a lui de voir. Je lui ai deja assez impose de choses comme ca"

Et elle quitta la piece. Tournant le dos a ce monde ou elle doutait meriter vraiment sa place.

Strify aurait donné n'importe quoi pour que Kiro ne vienne pas les interrompre. Il était en train de se comporter comme il le faisait 4 ans auparavant. Tendre, toujours là pour la soutenir ... aimant ?
Non finalement, ce n'était peut être pas une bonne idée.

L'androgyne fit un détour rapide par la salle d'eau qui avait été mise à leur disposition. Il effaça les trainées noires laissées sur sa peau par les pleurs. Il rectifia du mieux qu'il pu son maquillage. Puis il planta son propre regard dans le miroir et petit à petit, ses traits tirés, fatigués et douloureux s'étirèrent en un sourire, rehaussant ses pommettes. Il parvint même à faire scintiller son regard. Décidément, il était vraiment doué pour tromper les apparences.

Il fit donc le chemin dans l'autre sens, d'un pas assuré. Avant de retourner dans la pièce pleine de monde, il souffla un grand coup. D'accord il était doué pour tromper les apparences mais là soirée avait été plus éprouvante que d'habitude. Et s'il la recroisait maintenant ?
Strify n'aurait sans aucun doute pas la force de la laisser s'échapper à nouveau...

A peine avait-il remit un pied dans la salle qu'il se fit happer par un petit groupe de fans. Il n'eut pas d'autre choix que d'enchainer photos autographes et câlins d'au revoir. Mais ce n'était pas ces corps là qu'il voulait serrer contre lui ...

La salle se retrouva étonnement vide tout d'un coup. Presque aussi vide que ce que Strify ressentait au fond de lui. Il resta un petit moment comme ça, debout, le regard sur un point fixe au sol. Il ne bougeait pas, il était trop perdu dans ses pensées pour ça.

Il fut limite tiré dehors par son manager. Devant son état léthargique, il fut dispensé des dernières obligations de star. Mais non, le chanteur espérait bien recroiser Kali une dernière fois ... alors il signa tous les autographes possibles et imaginables ce soir là. Mais jamais il ne la vit...

Seul dans sa couchette, Strify était encore le seul membre du groupe à être éveillé alors que le bus les conduisaient déjà vers une autre ville. Tout ce qui s'était passé ce soir là tournait en boucle dans sa tête. Tête qui allait probablement exploser à force.

Et comme il se sentait seul et protégé de la vision de tous, le chanteur s'autorisa enfin à laisser les nouvelles larmes qui l'oppressaient sortir. Il se forçait à faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller les autres.
Mais Yu était sur la couchette juste à coté de la sienne dans le bus et il ne dormait pas vraiment. Il hésitait. Il tenait le morceau de papier que Kali lui avait donné un peu plus tôt. Et il ne savait pas si c'était une si bonne idée que ça de le donner à Strify. Et pourtant, en l'entendant pleurer, il ne se laissa pas le choix.

Strif, qu'est ce qui se passe ? C'est à cause de Serena c'est ça ?

Rien qu'à l'entente de ce prénom, les larmes du chanteur redoublèrent.
Yu quitta sa couchette pour venir le rejoindre.

"Elle voulait pas partir tu sais ..."

Strify sentit un bras puissant passer autour de son épaule. Il se laissa attiré contre Yu.

C'est ce qu'elle m'a dit oui ...
"Tu ne la crois pas ?"

S'inquiéta Strify.

J'en sais rien Strif, je la connaissais à peine ... tout ce que j'ai vu c'est à quel point tu as soufferts... et à quel point tu souffres encore aujourd'hui ....
"Moi je sais qu'elle n'a pas menti. Ses yeux ne me mentent pas. Ils ne l'ont jamais fait ..."
Et maintenant, tu comptes faire quoi ?

Très bonne question...

"Je lui ai dis que si elle voulait me revoir, elle n'avait qu'à faire un signe ..."

Yu repoussa doucement Strify. Malgré la nuit noire régnant dans le bus, il était facile de voir les sillons salés parcourir les joues blafardes du blond. Le guitariste en essuya un et soupira.

Elle m'a donné ça pour toi ...

Strify ouvrit fébrilement le petit bout de papier alors que le collier tombait sur sa couchette. Il s'en empara et le serra fort dans sa main. Il avait son odeur ...
L'androgyne ne pu s'empêcher de sourire en voyant l'adresse de son ex petite amie. San-Sebastian ... En avait-elle fait exprès ?

Il embrassa chaleureusement Yu et partit voir le chauffeur du bus. Demain, ils ne seraient pas sur le chemin du retour en Allemagne comme prévu. Non, demain, ils seraient à San-Sebastian...

Invité

C'etait a contrecoeur que Kali etait repartie. Mais apres tout elle etait venue raconter la verite a Strify, le revoir. Maintenant que c'etait fait elle n'avait pas vraiment eu d'autre choix que retourner chez elle prendre un petit dejeuner avec sa soeur puis filer a son travail : ils n'etaient qu'a quelques jours d'un enorme defile et il y avait encore tellement a faire... Au moins ca lui occuperait l'esprit.

"Tu as une mine epouvantable ma puce"

"Je sais..."

"Reste la, prends ta journee et repose toi. T'es pas en etat de travailler"

"Ca va... Faut que je fasse quelque chose. Je vais devenir folle si je reste ici a rien faire" soupira la jeune femme en reposant son jus de fruits a moitie fini sur la table. "Je vais me changer et on y va"

"Julia est deja la, elle est sous la douche"

Kali hocha la tete et monta dans sa chambre, changeant ses vetements tout en repensant a Julia. Cette petite voisine etait totalement adorable. Le courant etait tellement bien passe entre elle et Lucas qu'il aurait ete stupide de ne pas penser a elle alors qu'elle avait besoin de quelqu'un pour prendre soin de lui quand elle et sa soeur travaillaient.

Le courant etait meme passe si bien entre les trois jeunes femmes que pour une question pratique Julia venait vivre a l'appartement la semaine, ce qui evitait aussi de trainer Lucas a droite et a gauche.

"On s'en sort pas si mal finalement" sourit un peu la blonde, se parlant a elle meme alors qu'elle redescendait.

"Quoi?"

"Non rien" rit Kali en attrapant ses cles. "Allez on y va, on va etre en retard"

Et voila. Une autre journee commencait sur San Sebastian. La routine? Non, pas pour aujourd'hui.

Ce ne fut que lorsqu'il eu la certitude qu'il serait à San Sebastian dans la journée du lendemain que Strify réussit à somnoler un peu. Serrant toujours dans sa main gauche le bout de feuille avec l'adresse de son ex et dans la gauche le collier. Si précieux et si fragile. Comme leur amour passé en fait.

Sa nuit fut plutôt agitée, des souvenirs de leur vie commune lui remontant en tête à chaque fois qu'il fermait les yeux. De doux souvenirs, certes, mais douloureux quand il fallait penser que ça ne se passerait plus jamais comme ça entre eux.

Strify ne fut pas étonné d'être définitivement réveillé sur les coups des 6 heures du matin. Il n'en pouvait déjà plus ! Et pourtant, il ne serait pas dans la ville portant son prénom avant 5 heures encore.

Ainsi il avait petit déjeuner, choisit ses affaires pendant plus d'une heure, squatter la salle d'eau commune pendant ... pff les autres membres du groupe ne comptaient même plus. Ils étaient déjà dégouter de devoir faire un détour alors qu'ils devaient rentrer chez eux ... alors si en plus le chanteur les empêchait de se laver ... ça risquait de tourner au drame.

Finalement, il était près de midi lorsque le bus passa la pancarte "San Sebastian". Strify lui, faisait déjà les cents pas. Enfin il se força à s'assoir à coté du chauffeur pour découvrir cette ville. Il espérait comme un fou voir Kali de loin. Il s'imaginait faire arrêter de bus, sauter et lui courir après, la prenant dans ses bras comme il aimait tant le faire.

Mais la réalité n'était pas son imagination et il arriva à l'adresse indiquée sur le bout de papier sans que cela ne se passe comme ça.
Le bus se gara et l'androgyne couru presque jusqu'à l'étage précisé.
Là il sonna, mais ce ne fut pas Kali qui vint lui ouvrir. Il se retrouva comme un con

"Euh ... je ne suis pas chez Serena ?"

Se souvenant que ce n'était plus l'identité de la jeune femme, il se reprit

"Kali ! Je veux dire Kali Torres, elle n'habite pas ici ?"Si si mais elle travaille à cette heure là ... Lucas, ne saute pas sur le canapé !!! Désolée, il faut que j'y aille avant qu'il ne se fasse mal. Vous la trouverez au studio; rue San Pauli, au 89.

Strify n'eu même pas le temps de la remercier que la porte se referma. Décidément, ces retrouvailles prenaient un air de chasse au trésor.
Et alors qu'il se demandait encore qui pouvait bien être cette fille, et ce Lucas, il se retrouvait déjà au pied du bus. Il donna l'adresse au chauffeur qui se hasarda à nouveau dans les rues trop étroites pour un bus. Le chanteur aurait gagné du temps à y aller à pieds mais bon ... au bout de 25 bonnes minutes, il arriva enfin devant un immense studio de stylisme. La baptise était magnifique. Très design.

Strify descendit une nouvelle fois du bus et serra le collier de Serena dans sa main. Cette fois serait la bonne !

Invité

C'etait la panique totale au studio : la collection devait etre refaite a zero, puisqu'au dernier moment le "grand createur de genie" qui leur servait de patron avait change toutes les thematiques. Il fallait donc retoucher chaque couleur, defaire chaque couture pour leur donner une autre allure, donner d'autres formes aux tissus... Autant dire que le travail etait difficile et le stress intense.

"Qui a le velours en 355! Il me faut du 355 pas du 368!!"

"On avait trois rouleaux de soie creme ils sont ou!!?"

Et ca n'arretait pas. Tout le monde courait dans tous les sens, s'activant rapidement. Aucun doute cette derniere semaine allait etre invivable pour tous.

Grace a une chance insolente surement, Kali avait reussi sans mal a trouver tout ce dont elle avait besoin pour confectionner la robe qu'on lui avait confiee a la derniere minute. Elle s'etait donc rapidement mise au travail ; son MP3 la coupant du monde et donc du stress alentour, la laissant libre de se concentrer et travailler sans probleme autre que la chaleur etouffante.

"David m'a dit de venir te chercher" commenca Maria en enlevant le baladeur a sa cadette. "Apparemment quelqu'un veut te voir dehors"

"J'ai pas le temps, Ria. Si..."

"Vas y je prends la suite" coupa l'ainee. "Ca fait 3h que tu t'acharnes alors tu vas prendre une pause en meme temps. Allez, dehors et sans discuter"

En voyant le sourire amuse de sa soeur Kali ne protesta pas plus. Elle avait raison et elles le savaient l'une comme l'autre. La blonde posa donc ses affaires et se fraya un chemin a l'exterieur, se figeant en voyant l'androgyne face a elle. Bien sur qu'elle etait heureuse de le voir. Elle se demandait juste comment agir avec lui.

"Ca me fait plaisir de te voir" avoua-t-elle simplement dans un sourire timide.

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